Que fait un avocat de la défense pénale? Droit pénal turc

Les avocats de la défense pénale (privés ou commis d'office) recherchent les faits, enquêtent sur les accusations portées contre leurs clients et tentent de négocier des accords avec leurs adversaires (les procureurs). Ces accords peuvent inclure une réduction de la caution, une réduction des charges et une réduction des peines. En raison d'un certain nombre de facteurs - pression politique et publique, prisons surpeuplées, calendrier des tribunaux surchargé - la négociation d'accords a pris de l'importance et est devenue un élément essentiel pour désengorger le système de justice pénale.

Les avocats de la défense pénale interrogent également les témoins, aident à formuler un plaidoyer, analysent le dossier du procureur, évaluent les peines potentielles (et la probabilité qu'un juge particulier prononce une telle peine), examinent les procédures de perquisition et de saisie et interrogent les témoins. L'avocat de la défense peut également donner des conseils sur les conséquences potentielles en matière d'immigration ou sur d'autres conséquences d'un plaidoyer, d'une condamnation ou d'un casier judiciaire.

L'avocat de la défense fournit également des services plus personnels en donnant au défendeur un aperçu des résultats possibles et en l'aidant à gérer les frustrations et les craintes résultant du fait d'être jeté dans le système de justice pénale. Et bien sûr, si aucun accord sur le plaidoyer ne peut être conclu, l'avocat de la défense représente le défendeur au procès.

Droits à un procès équitable

Absence de détention préventive prolongée

Arrestation sans mandat

L'article 19(6) de la Constitution stipule généralement qu'une personne arrêtée ou détenue a le droit d'être entendue par un juge dans les 48 heures (ou quatre jours lorsque plusieurs infractions ont été commises). Sans décision du tribunal, le détenu ne doit pas être maintenu en détention plus longtemps. L'article 7 de la Constitution accorde le droit de demander un procès dans un délai "raisonnable" et de demander à être libéré en attendant le procès. La section 9 réitère le droit de demander une conclusion rapide de la procédure. La section 10 de la Constitution accorde enfin une compensation à toute personne souffrant d'une arrestation ou d'une détention qui ne respecte pas ces règles.

L'article 91(1)(3) du code de procédure pénale (CPP) turc prévoit que la durée de la garde à vue ne peut dépasser 24 heures ou un maximum de trois jours pour plusieurs infractions, telles que celles commises par trois personnes ou plus. Cette disposition est plus restrictive que la disposition constitutionnelle, qui ne représente que la limite supérieure possible sans porter atteinte aux droits fondamentaux. En vertu de l'article 251(1) du CCP, des limites plus longues peuvent s'appliquer.

Selon l'article 91(4) du CCP, toute personne arrêtée sans mandat ou certains affiliés a le droit de déposer une motion contre la détention.




Arrestation avec un mandat d'arrêt

Le juge de paix au cours de l'enquête préliminaire ou le tribunal compétent au cours du procès peut délivrer un mandat de détention provisoire s'il existe des preuves concrètes et convaincantes de certaines circonstances en vertu de l'article 100(1) du CCP.

L'article 102 du CPP stipule que lorsqu'une arrestation a été effectuée en vertu d'un mandat d'arrêt, la durée de la détention ne peut excéder un an ou deux ans, selon que le crime relève de la compétence de la cour d'assises (tribunaux pénaux de première instance). Selon l'article 108 du CPP, le détenu a le droit de faire réévaluer la nécessité de sa détention tous les 30 jours. Le détenu peut également déposer une demande de mise en liberté à tout moment, conformément à l'article 102 du CPP.

Conformément à l'article 100(4) du CCP, un mandat d'arrêt pour une détention provisoire pour des crimes passibles d'amendes judiciaires ou d'une peine d'emprisonnement ne dépassant pas un an ne peut être délivré.

Les données concernant la durée moyenne de la détention provisoire en attendant le procès (ou en attendant le procès) ne sont pas publiées. Toutefois, compte tenu de la durée moyenne des poursuites en Turquie (246 jours dans toutes les juridictions pénales), et du pourcentage plutôt élevé de détentions, on peut supposer que les suspects/défendeurs peuvent être maintenus en détention pendant une longue période.

Cependant, en 2013, la Cour constitutionnelle turque s'est explicitement prononcée en faveur des pétitionnaires qui se plaignaient d'être violés par une détention prolongée et a renforcé le fait qu'elle devait se conformer aux règles de la CEDH.

L'absence de sanction

Le droit pénal turc ne prévoit pas de droit exprès à l'absence de sanction. Il existe des dispositions de droit pénal matériel qui accordent certaines exemptions de poursuites ou de peines dans les articles 24 à 34 du code pénal.

Sur le plan de la procédure, le droit de ne pas être puni (injustement) se manifeste par la présomption d'innocence et le délai de prescription.

L'article 253 du CCP prévoit une médiation pénale spéciale afin de réparer le préjudice de la victime. La section 19 de cet article prévoit que si la médiation a réussi et que "le suspect remplit immédiatement l'objet de ce contrat", une décision d'absence de poursuites sera rendue. L'objectif de la médiation pénale est de trouver un accord entre l'auteur et la victime, ce qui permet au défendeur de tenter de se racheter auprès de sa victime et de rétablir ainsi un équilibre social.

L'absence de torture

Une autre disposition constitutionnelle cruciale pour le système de droit pénal est l'article 17(3), qui stipule que "Nul ne sera soumis à la torture ou à des mauvais traitements ; nul ne sera soumis à des peines ou traitements incompatibles avec la dignité humaine."

Droit à un avocat

Selon l'article 149 du Code de procédure pénale, un accusé a le droit d'être défendu par un avocat et, selon l'article 150 du Code de procédure pénale, cet avocat doit être désigné par l'État, si l'accusé ne peut pas désigner un avocat.

L'article 147(1c) du CCP accorde déjà ce droit pour les interrogatoires au stade de l'enquête.

L'article 74(2) du CCP contient un renforcement spécial du droit à un avocat en stipulant qu'un suspect soumis à une évaluation médicale doit se voir désigner un avocat.

Droit à l'habeas corpus

Le droit à l'habeas corpus est le droit de dénoncer une détention ou un emprisonnement illégal devant le tribunal.

L'article 5 de la CEDH accorde explicitement le droit à l'habeas corpus. Dans la Constitution turque, c'est l'article 19(8) qui le contient. L'article 108 du CCP le renforce.

Droit aux soins médicaux

Le droit aux soins médicaux n'est pas explicitement mentionné dans la législation turque.

Droit à un procès équitable

Le droit à un procès équitable est garanti par l'article 36 de la Constitution turque et par divers traités internationaux que la Turquie a signés, ratifiés et mis en œuvre, tels que le Pacte international relatif aux droits civils et politiques, la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants et la Convention européenne des droits de l'homme. 

Néanmoins, rien qu'entre 1998 et 2008, il a été constaté que la Turquie avait violé le droit à un procès équitable 528 fois.

Droit à la notice des charges

Le droit d'être informé des motifs de l'arrestation et/ou des charges retenues contre la personne arrêtée est garanti par l'article 19(5) de la Constitution.

En outre, l'article 226 du CCP stipule qu'un défendeur doit être informé de tout changement dans la loi en vertu de laquelle une accusation est portée et doit avoir la possibilité de se défendre contre la nouvelle accusation.

L'article 35 du CCP exige généralement que toutes les notifications soient lues à l'accusé.

Droit à la non auto-incrimination.

L'article 38(5) de la Constitution stipule que " [n]ul ne peut être contraint de faire une déclaration susceptible de l'incriminer ou d'incriminer ses proches, ou de présenter des preuves à charge."

L'article 147(1e) du CCP réitère le "droit de garder le silence".

Droit à un procès expéditif

Le droit à un procès expéditif découle de l'article 19 sections 6, 8 et 9 de la Constitution et se manifeste sur les dispositions prévues pour la liberté de la détention prolongée.

Droit à un juge impartial

L'article 138(1)(2), ainsi que l'article 140(2), de la Constitution établissent l'indépendance du pouvoir judiciaire. Bien qu'il ne soit pas explicitement appelé un droit, ce mandat constitue l'un des principes de base du système juridique pénal. Les articles 22 et 23 du CCP le confirment, en prévoyant les raisons pour lesquelles un juge peut être exclu d'une procédure.

L'article 22 interdit à un juge de juger sa propre affaire s'il a été blessé par l'accusé ou s'il est un parent des parties, ainsi que s'il a été actif dans la même affaire en tant que procureur, officier de police judiciaire, défenseur de l'accusé ou de la victime, ou s'il a été cité comme témoin ou a émis un avis en tant qu'expert.

Si un juge a été actif pendant le procès en première instance, il lui est interdit d'agir dans le procès de la juridiction supérieure, soit pendant l'examen de l'opposition, soit pendant la procédure de recours devant la Cour de cassation, conformément à l'article 23 du CCP.

L'article 24 du Code de procédure pénale régit le droit de déposer une requête de récusation d'un juge. Cette requête peut être déposée par le défendeur, le procureur général ou l'avocat de la défense.

Droit d'appel

Le code de procédure pénale turc prévoit trois possibilités de s'attaquer aux décisions des juges.

L'article 267 du CCP accorde le droit à une motion d'opposition contre les décisions des magistrats qui ne sont pas des jugements définitifs et soumet ces décisions à inspection.

L'article 272 du CCP prévoit le droit de faire appel d'un jugement de première instance en droit et en fait. Les jugements entraînant une peine d'emprisonnement de plus de 15 ans sont automatiquement soumis à l'inspection de la Cour d'appel régionale en fait et en droit.

Sont exemptés de ce premier droit d'appel "a) les jugements reconnaissant des amendes judiciaires définitives jusqu'à deux mille lires (deux mille inclus); b) les jugements d'acquittement rendus pour des crimes qui requièrent une amende judiciaire ne dépassant pas cinq cents jours comme niveau supérieur de la peine ; c) les jugements pour lesquels la voie du recours légal a été fermée par la loi".

L'article 273 du CCP définit le délai d'appel. L'appel doit être soumis avec une explication écrite à la cour ou en faisant une déclaration au greffier pour être enregistré dans les sept jours après que le jugement ait été prononcé. Si le défendeur n'était pas présent lors du prononcé, le délai commence à courir dès la notification du jugement (section 2).

L'article 286 du CCP accorde un droit d'appel supplémentaire en droit. Sont exemptés de ce droit d'appel:

a) Les décisions de la Cour d'appel régionale sur les faits et le droit qui sont liées au rejet du bien-fondé de la demande d'appel sur les faits et le droit contre les peines d'emprisonnement inférieures ou égales à cinq ans et les décisions refusant le bien-fondé des appels sur les faits et le droit contre tout type d'amendes judiciaires, rendues par les tribunaux de première instance,

b) Les décisions des cours d'appel régionales sur les faits et le droit qui n'augmentent pas les peines d'emprisonnement inférieures ou égales à cinq ans rendues par les tribunaux de première instance,

c) Tous les types de décisions de la Cour d'appel régionale sur les faits et le droit, qui sont liées aux crimes relevant de la compétence du Tribunal de paix et qui ont été rendues en tant que tribunal de première instance,

d) Les décisions de la Cour d'appel régionale sur les faits et le droit, qui ne modifient pas la nature du crime en relation avec la sentence rendue par le tribunal de première instance, qui requièrent seulement une amende judiciaire,

e) Les jugements rendus par la Cour d'appel régionale sur les faits et le droit, qui ne modifient pas la décision du tribunal de première instance en ce qui concerne la confiscation ou la déchéance ou en ce qui concerne un jugement qui estime qu'il n'est pas nécessaire de le faire,

f) Lorsque l'arrêt de la cour régionale d'appel sur les faits et le droit était un acquittement sur les appels sur les faits relatifs à des infractions qui nécessitent une peine d'emprisonnement de dix ans ou moins, ou des décisions de rejet des requêtes d'appel sur les faits,

g) Lorsque la décision du tribunal de première instance portait sur la radiation d'un procès, ou sur une décision de ne pas punir, ou sur une mesure de sécurité, et que la Cour d'appel régionale sur les faits et le droit a rendu un jugement en accord avec celui de radier le procès, ou une décision de ne pas punir, ou à une mesure de sécurité ou sur l'irrecevabilité de la requête d'appel sur les faits et le droit.

h) Les décisions de la Cour d'appel régionale sur les faits et le droit qui contiennent plus d'une condamnation et d'une décision, pour autant qu'elles restent dans les limites des sous-sections susmentionnées.

L'article 291 du CCP prévoit le même délai de sept jours que pour le premier recours en fait et en droit.

Les moyens de protéger les droits

Règle d'exclusion ou nullité de la procédure

D'une manière générale, la Constitution turque dispose, à l'article 38, paragraphe 6, que "[l]es indices obtenus par des méthodes illégales ne sont pas considérés comme des preuves".

Le code de procédure pénale turc traite de cette question aux articles 206, 217 et 289. L'article 206 prévoit:

"La demande de présentation d'un élément de preuve est rejetée dans les cas suivants : a) si l'élément de preuve est obtenu illégalement; b) si le fait à prouver par l'élément de preuve est sans rapport avec la décision; c) si la demande de présentation de l'élément de preuve est faite uniquement pour retarder la procédure."

L'article 217 réitère l'exigence que les preuves soient obtenues légalement et stipule également que seules les preuves qui ont été présentées et discutées à l'audience principale peuvent être utilisées pour former le jugement.

L'article 289 note que les preuves obtenues illégalement sont un motif possible de recours.

Action civile

Le droit pénal turc ne prévoit pas vraiment d'action civile contre les procédures pénales.

Il n'existe pas de recours juridique contre les mesures prises par le procureur et la police[102].

Cependant, si l'arrestation (ou la détention provisoire) était inconstitutionnelle, la personne arrêtée peut demander des dommages et intérêts en vertu de l'article 141 du CCP. L'État est responsable de l'indemnisation, et une fois l'indemnisation versée, l'État est en droit de demander à l'agent le remboursement de l'indemnisation.

En vertu de l'article 142, "[l]a requête en indemnisation peut être déposée dans un délai de 3 mois après la notification des décisions ou jugements définitifs aux parties liées, ou en tout cas dans un délai d'un an après la décision définitive".

Requêtes

Selon l'article 24(2) du CCP, un défendeur peut demander la récusation d'un juge. L'article 25 du CCP fixe les délais pour cette requête:

"(1) Une requête en récusation du juge sur la base d'un doute concernant son impartialité peut être transmise au tribunal de première instance au début de l'audience principale jusqu'au début de l'interrogatoire de l'accusé par le juge; lorsqu'il y a une audience à la Cour d'appel régionale sur les faits et le droit, jusqu'à la lecture du rapport d'inspection à l'audience principale; et à la Cour de cassation, jusqu'à ce que le rapport qui a été rédigé par le membre désigné ou le juge d'instruction ait été divulgué aux membres. Dans les autres cas, le juge peut être récusé jusqu'au début de l'inspection.

(2) Pour les motifs qui apparaissent ou ont été découverts après l'expiration du délai, la requête peut également être présentée jusqu'à la fin de l'audience principale ou de l'inspection. Toutefois, une telle motion doit être présentée dans les sept jours suivant la prise de connaissance des motifs de récusation."

L'article 69(2) du CCP prévoit le même droit en ce qui concerne les témoins experts.

L'article 91(4) du Code de procédure pénale donne le droit à une personne arrêtée sans mandat, à son avocat, à son représentant légal, à son conjoint ou à ses parents au premier et au second degré, de déposer une requête "contre l'arrestation sans mandat, ou contre l'ordre écrit du procureur de la République de placer l'individu en détention ou de prolonger la période de détention, afin d'obtenir une libération immédiate". Le juge doit se prononcer sur cette requête dans les 24 heures.

Selon l'article 104, le suspect ou l'accusé peut déposer une requête de mise en liberté à tout moment de la procédure.

Selon l'article 311 du CCP, un défendeur peut demander un nouveau procès dans certaines circonstances. En vertu de l'article 312, il/elle peut demander un ajournement ou un sursis d'exécution.

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